Publié le 09/03/2021  Dans : Environnement  0 Commentaire   Vu 262 fois

Les nanomatériaux manufacturés, les nouveaux polluants ?

De plus en plus de nanomatériaux manufacturés (ENM pour «engineered nanomaterials») sont créés afin d’améliorer les produits ordinaires de notre quotidien, comme les vêtements et les emballages alimentaires. Certains de ces matériaux se présentent sous la forme de structures complexes que l’on appelle «nanocomposites».

L’incidence sur l’environnement du rejet de nanocomposites dans nos eaux usées demeure toutefois très méconnue, avertit Patryk Oleszczuk, chercheur et chef du département de radiochimie et de chimie environnementale de l’Université Marie Curie-Skłodowska.

Le projet SAFEnano a entrepris de combler cette lacune au niveau de la recherche en montrant que les propriétés des nanocomposites évoluent au cours des processus de purification de l’eau, dans l’objectif de déterminer la façon dont ils se comportent et interagissent avec d’autres polluants.

«Des contaminants auparavant faiblement liés peuvent voir leur lien renforcé ou affaibli du fait de la modification et les ENM pourraient ainsi servir de cheval de Troie pour ces contaminants», explique Patryk Oleszczuk, dont les travaux ont bénéficié du soutien du programme Actions Marie Skłodowska-Curie.

Nouveaux matériaux, nouveaux risques

Il a travaillé au sein d’une équipe interdisciplinaire afin d’étudier les propriétés physico-chimiques et écotoxicologiques des ENM ainsi que leur interaction avec d’autres polluants.

Les recherches précédentes ont eu tendance à mettre l’accent sur des problèmes isolés ou sur les ENM en tant qu’éléments purs de taille nanométrique, en étudiant les effets de leur rejet dans l’eau pendant la lessive ou dans les aliments.

Les ENM se présentent de plus en plus souvent sous la forme de structures plus complexes qui sont rejetées en grande quantité dans les eaux usées. C’est pourquoi l’étude des risques doit aller plus loin que les ENM purs, précise Patryk Oleszczuk.

«Nos recherches ont montré que l’on ne peut évaluer les risques environnementaux en se fondant seulement sur les ENM vierges», explique-t-il. «Il faut aussi tenir compte des processus susceptibles de modifier les propriétés des ENM, qui peuvent influencer leur comportement et leur toxicité.»

 Les nanotechnologies environnementales représentent un domaine en pleine croissance, mais les efforts de recherche et les financements sont souvent attribués aux entités qui s’emploient à développer de nouveaux matériaux pour des applications telles que la production et le stockage d’énergie ou l’agriculture.

Un problème d’ampleur croissante

Patryk Oleszczuk pense que la société risque d’oublier à quel point il est important d’évaluer les conséquences de ces matériaux une fois qu’ils sont introduits dans l’environnement. «Nous manquons toujours de chercheurs, et surtout de recherches, qui s’intéressent à ce sujet», fait-il remarquer.

Les travaux de SAFEnano ne constituent qu’une première étape vers l’évaluation du risque environnemental qui découle des modifications que les ENM connaissent au cours des processus environnementaux avec d’autres polluants.

«Les quantités de nanocomposites produites sont gigantesques et de nouveaux matériaux sont créés chaque année», ajoute Patryk Oleszczuk. «Nous avons beaucoup de travail devant nous pour nous assurer que l’utilisation des ENM demeure sûre.»


>> Pour aller plus loin visitez le site http://zchs.umcs.lublin.pl/Webside/SafeNano.html

>> Source : Effect of water and wastewater treatment on the properties of engineered nanomaterials (ENMs) in context of their fate, toxicity and interaction with other contaminants - Résultats de la recherche de l'UE.

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