Les technologies intelligentes améliorent la sécurité dans le secteur ferroviaire européen
L’industrie ferroviaire européenne est une infrastructure essentielle pour le transport de marchandises et de passagers dans l’ensemble de l’UE, mais elle doit surmonter plusieurs défis. La plupart des travaux ferroviaires sont effectués manuellement par des ouvriers ou des engins de voie pilotés par l’homme. La majorité de ces outils sont lourds, ce qui peut avoir des conséquences négatives pour le corps humain au fil du temps. Les troubles musculo-squelettiques touchent jusqu’à 38 % des cheminots au cours de leur carrière. Ces travailleurs sont constamment confrontés à des degrés divers de charge cognitive, ce qui nuit à la qualité de leur travail et à leur productivité, et augmente le risque d’accidents dus à des erreurs humaines. Et comme dans de nombreux secteurs, le vieillissement de la main-d’œuvre représente une source constante de préoccupation.
Selon un rapport, en Grèce, en Italie et en Espagne, plus de 50 % de la main-d’œuvre avait plus de 50 ans en 2016. Les métiers physiquement exigeants n’attirent pas les jeunes Européens. «Ce triplet (vieillissement rapide de la main-d’œuvre, manque d’intérêt des jeunes pour les travaux physiquement exigeants, et le fardeau imposé par les emplois physiquement exigeants) constitue un défi de taille pour l’avenir de l’industrie ferroviaire», explique Christian Di Natali, chercheur en robotique avancée à l’Institut italien de technologie et coordinateur du projet STREAM. Dans le cadre du projet STREAM, financé par l’UE, les chercheurs ont mis au point de nouvelles technologies robotiques pour relever ces défis. Ils ont examiné le fonctionnement de machines lourdes telles que les excavateurs, ainsi que la manutention manuelle de matériaux. «L’objectif principal de STREAM était de développer des technologies innovantes pour optimiser les opérations d’inspection et d’entretien des voies ferrées, afin d’améliorer la qualité des opérations ainsi que la santé, la sécurité et la dignité des travailleurs», explique Christian Di Natali.
Développer une technologie autonome
Le projet STREAM a mis au point et évalué trois technologies. La première était un engin de voie amélioré doté de systèmes de dispositifs autonomes polyvalents, le On-Track Autonomous Multi-Purpose Mobile Manipulator (OTA3M). L’OTA3M a fait l’objet d’une démonstration visant à superviser et automatiser de manière robotique plusieurs opérations ferroviaires en cours, et peut manipuler des composants et des matériaux lourds de l’infrastructure ferroviaire, allant de quelques kilos à plusieurs tonnes, dans un rayon de plusieurs mètres. «Notre idée innovante était de développer des méthodes de contrôle et des boîtes à outils pour convertir n’importe quelle marque d’excavateur hydraulique route-rail en un robot mobile autonome sur les rails», note Christian Di Natali. L’équipe a également mis au point un exosquelette modulaire multitâche appelé StreamEXO, capable de réduire la charge musculo-squelettique lors des tâches de manutention manuelle telles que tenir, soulever, tirer, pousser et porter. Il recourt à des solutions proprioceptives avancées pour fournir une puissance mécanique à la demande et peut aider à effectuer différentes tâches et opérations, en détectant l’activité de l’utilisateur en temps réel. La troisième technologie développée est un réseau IdO qui favorise le flux de données vers et à partir des OTA3M et des StreamEXO sur le chantier. Le réseau IdO améliore la sécurité en permettant aux responsables de contrôler leurs travailleurs et, en cas de danger, d’alerter les travailleurs et les superviseurs des risques potentiels pour la sécurité.
Introduire ces technologies sur le marché
Après des essais concluants, l’équipe s’attend à ce que les nouvelles solutions soient bientôt introduites sur le marché et cherche à conclure des accords avec des partenaires industriels en vue d’une exploitation commerciale. «Les entreprises ferroviaires de l’UE, motivées par la curiosité d’essayer ces technologies, devraient frapper à nos portes et nous inviter à faire des démonstrations de nos technologies, telles que les exosquelettes et les excavateurs autonomes», déclare Christian Di Natali. «Ces technologies pourraient avoir un impact non seulement sur l’industrie en réduisant le gaspillage économique, mais aussi d’un point de vue social en améliorant l’efficacité opérationnelle, la santé, la qualité de vie, la sécurité et la dignité des travailleurs», ajoute-t-il.
Source: Smart Tools for Railway work safEty and performAnce iMprovement - Résultat de la recherche de l'UE.